Ce n’est surement pas la ligne la plus skiante réalisée. En revanche, la solitude et l’expérience d’immersion nous ont donné l’impression d’être parti bien plus longtemps qu’un weekend. Et c’était surtout cela que mes compagnons du jour étaient venus chercher. Se retrouver, et créer une parenthèse dans le train effréné du rythme de leurs vies. Le premier jour, la montée fût douce et progressive, permettant à Élise de se familiariser avec ce matériel et ses techniques, relativement nouveau pour elle. Nous avons pris le temps de profiter, et ce n’est qu’aux lueurs de nos frontales que nous arrivons au bivouac. Nous sommes seuls, et sa taille généreuse nous a offert un certain confort. Le lendemain, la météo radieuse nous invite à tenter une descente un peu plus engagée. Le versant Nord de la ligne de crête dominant le bivouac est une large face de 400m de haut, entrecoupée de barres rocheuses. Son architecture complexe laisse apparaître plusieurs itinéraires de descente, qui sont rarement continus. Le bulletin d’estimation des risques d’avalanche laissant planer une forme d’incertitude, et le terrain nous confirmant rapidement les informations glanées dans celui-ci, nous descendrons ce versant dans un mode “méfiant”. Soit un par un, par de courtes sections, et en veillant toujours à être bien protégé.